Au
lendemain du lancement d’une campagne contre le racisme au Maroc, les
sociologues et divers experts de nos internets se sont exprimés sur le sujet.
Certains
ont tenté de justifier la discrimination en expliquant que les Africains – Marocains compris – sont sauvages,
ceci expliquant le rejet dont ils font l’objet à travers le monde.
D’autres
se sont contentés de critiquer le slogan choisi pour la campagne « je ne
m’appelle pas 3ezzi » (je ne m’appelle pas « nègre »).
Bien
qu’il soit difficile pour moi de comprendre ceux qui prétendent rationnellement
justifier le racisme, j’ai encore plus de mal à comprendre ceux qui, du moins
en apparence, ne sont pas racistes, mais qui s’opposent fermement à une
campagne pour le slogan qu’elle porte.
D’abord,
l’intitulé d’une campagne m’importe peu. En effet, étant marocaine et étant
consciente (je crois) des défis qui sont les nôtres, je trouve qu’il est ridicule de critiquer une campagne
dont nous avons besoin en se basant uniquement sur sa forme. Paradoxalement,
ceux qui pratiquent ce « sport » sont ceux qui ne proposent rien, ou
qui le font derrière un écran, parce que le militantisme 2.0 est plus facile.
Ensuite,
sur le fond, il me semble que nous avons un réel problème de terminologie. Finalement,
quelle définition les Marocains
donnent-ils au racisme ?
Beaucoup
d’entre nous ne savent pas ce qu’est le racisme, ni la discrimination, encore
moins le viol, par exemple.
De facto, ce que je me représente comme
étant des fléaux, beaucoup le voient comme des valeurs. Ainsi, pour certains,
une femme violée est une femme de petite vertu. Aussi, le terme
« 3ezzi » ne fait que désigner une personne noire de peau.
Faut-il
considérer, en effet, qu’une personne se définit par sa couleur de peau ?
Je ne le pense pas.
Nous
sommes avant tout des individus, et chacun d’entre nous a le droit absolu de se
définir comme il le souhaite. Certains préfèrent qu’on les désigne par leur
nom, d’autres par leur titre, mais je ne connais pas beaucoup de personnes qui
aiment être interpelées par leur couleur de peau ou par leur origine ethnique.
Au
Maroc de 2014, nous n’avons pas encore compris que nous sommes d’abord des
individus avant de faire partie d’un groupe. Ainsi, appeler une personne par sa
couleur de peau la dénue finalement de toute individualisme, elle devient une
« chose fongible », interchangeable qui n’a aucune existence propre.
Alors,
oui le terme « 3ezzi » est raciste, il ne l’est pas en lui-même, mais
nous n’avons pas besoin du dictionnaire Littré pour comprendre ce que les gens
veulent réellement dire lorsqu’ils le prononcent.
À ce
titre, il serait plus qu’opportun à mon sens de définir avec rigueur les termes
lorsque nous demandons à un Marocain « es-tu raciste ? ».